L'exposition de l'été 2015 au Louvre-Lens met en lumière la richesse des échanges artistiques entre la capitale du royaume de France et l'actuelle Toscane dans la seconde moitié du 13e siècle et au début du suivant. Grâce aux prêts exceptionnels d'une vingtaine de prestigieux musées européens, elle lève le voile sur les relations entre les grands foyers de création artistique que sont à l'époque Paris d'un côté, Florence, Sienne et Pise de l'autre. Statuaire monumentale, peintures à fond d'or mais aussi manuscrits enluminés, émaux et ivoires précieux : plus de 125 œuvres d'un grand raffinement sont ainsi rassemblées. Elles révèlent en particulier l'influence exercée par les représentants parisiens du gothique rayonnant sur les sculpteurs et peintres toscans de la fin du 13e siècle, dans une aire culturelle qui deviendra le berceau de la Première Renaissance. L'exposition du Louvre-Lens est la toute première à se pencher sur ce phénomène d'une extrême importance pour l'histoire de l'art.
Bien que très courte, la période concernée par l'exposition (1250-1320) est marquée par des évolutions décisives en Europe, tant sur le plan politique, économique et social qu'intellectuel et artistique. Le renouveau de la pensée modifie la compréhension du monde, et donc les manières de le représenter. Parallèlement, les arts connaissent d'importantes innovations technologiques et l'émergence de très grandes personnalités. Progressivement, les créateurs ne sont plus simplement considérés comme des artisans au service de l'Église mais comme des artistes œuvrant pour la société. La seconde moitié du 13e siècle occupe donc une place à part dans l'histoire de l'art : celle d'un complexe apogée, très différent selon les perspectives où l'on se place.